Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps,
Le beau temps me dégoûte et me fait grincer les dents,
Le bel azur me met en rage,
Car le plus grand amour qui me fut donné sur terre
Je le dois au mauvais temps, je le dois à Jupiter,
Il me tomba d'un ciel d'orage.
Par un soir de novembre, à cheval sur les toits,
Un vrai tonnerre de Brest, avec des cris de putois,
Allumait ses feux d'artifice.
Bondissant de sa couche en costume de nuit,
Ma voisine affolée vint cogner à mon huis
En réclamant mes bons offices.
"Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi, par pitié,
Mon époux vient de partir faire son dur métier,
Pauvre malheureux mercenaire,
Contraint de coucher dehors quand il fait mauvais temps,
Pour la bonne raison qu'il est représentant
D'une maison de paratonnerre."
En bénissant le nom de Benjamin Franklin,
Je l'ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins,
Et puis l'amour a fait le reste!
Toi qui sèmes des paratonnerres à foison,
Que n'en as-tu planté sur ta propre maison?
Erreur on ne peut plus funeste.
Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs,
La belle, ayant enfin conjuré sa frayeur
Et recouvré tout son courage,
Rentra dans ses foyers faire sécher son mari
En me donnant rendez-vous les jours d'intempérie,
Rendez-vous au prochain orage.
A partir de ce jour je n'ai plus baissé les yeux,
J'ai consacré mon temps à contempler les cieux,
A regarder passer les nues,
A guetter les stratus, à lorgner les nimbus,
A faire les yeux doux aux moindres cumulus,
Mais elle n'est pas revenue.
Son bonhomme de mari avait tant fait d'affaires,
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer,
Qu'il était devenu millionnaire
Et l'avait emmenée vers des cieux toujours bleus,
Des pays imbéciles où jamais il ne pleut,
Où l'on ne sait rien du tonnerre.
Dieu fasse que ma complainte aille, tambour battant,
Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps
Auxquels on a tenu tête ensemble,
Lui conter qu'un certain coup de foudre assassin
Dans le mille de mon coeur a laissé le dessin
D'une petite fleur qui lui ressemble.
Renaud
Renan Luce
G.B. et Yves Duteil: Les trois mandarins
Le parapluie : Le clip
Le parapluie Georges Brassens (1921-1981)
Il pleuvait fort sur la grand-route
Ell' cheminait sans parapluie
J'en avais un, volé, sans doute
Le matin même à un ami
Courant alors à sa rescousse
Je lui propose un peu d'abri.
En séchant l'eau de sa frimousse
D'un air très doux, ell' m'a dit " oui "
Un p'tit coin d'parapluie
Contre un coin d'paradis
Elle avait quelque chos' d'un ange
Un p'tit coin d'paradis
Contre un coin d'parapluie
Je n'perdais pas au chang', pardi
Chemin faisant, que ce fut tendre
D'ouïr à deux le chant joli
Que l'eau du ciel faisait entendre
Sur le toit de mon parapluie
J'aurais voulu, comme au déluge
Voir sans arrêt tomber la pluie
Pour la garder, sous mon refuge
Quarante jours, quarante nuits
Un p'tit coin d'parapluie
Contre un coin d'paradis
Elle avait quelque chos' d'un ange
Un p'tit coin d'paradis
Contre un coin d'parapluie
Je n'perdais pas au chang', pardi
Mais bêtement, même en orage
Les routes vont vers des pays
Bientôt le sien fit un barrage
A l'horizon de ma folie
Il a fallu qu'elle me quitte
Après m'avoir dit grand merci
Et je l'ai vue toute petite
Partir gaiement vers mon oubli
Un p'tit coin d'parapluie
Contre un coin d'paradis
Elle avait quelque chos' d'un ange
Un p'tit coin d'paradis
Contre un coin d'parapluie
Je n'perdais pas au chang', pardi
El paraguas
Llovía fuerte en la carretera
ella caminaba sin paraguas
yo tenía uno, robado, sin duda
esa misma mañana a un amigo
corriendo entonces en su auxilio
yo le propuse un poco de abrigo.
Secando el agua de su carita
de una manera muy dulce, ella me dijo “sí”
Un rinconcito de paraguas
a cambio de un rincón de paraíso
ella tenía algo de angel
Un rinconcito de paraíso
a cambio del rincón de un paraguas
yo no perdía en el cambio, pardiez.
Al caminar, qué tierno era
oir los dos juntos el lindo sonido
que el agua del cielo hacía
sobre el techo de mi paraguas
yo hubiese querido, como en el diluvio
ver sin parar caer la lluvia,
para protejerla bajo mi refugio,
cuarenta días, cuarenta noches.
Un rinconcito de paraguas
A cambio de un rincón de paraíso
ella tenía algo de angel
un rinconcito de paraíso
a cambio de un rincón de paraguas
yo no perdía en el cambio, pardiez
Pero absurdamente, incluso en las tormentas
las carreteras van hacia algún sitio,
bien pronto la suya le puso un límite
al horizonte de mi imaginación
Fue necesario que ella me dejase
después de haberme dicho muchas gracias
y yo la vi muy pequeñita
partir alegremente hacia mi olvido.
Un rinconcito de paraguas
A cambio de un rincón de paraíso
ella tenía algo de angel
un rinconcito de paraíso
a cambio de un rincón de paraguas
yo no perdía en el cambio, pardiez
Versión de Jesus
Libellés : Georges Brassens
Le vent : Le clip
Si, par hasard
Sur l´Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon
Prudenc´, prends garde à ton jupon
Si, par hasard
Sur l´Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud
Prudent, prends garde à ton chapeau
Les jean-foutre et les gens probes
Médis´nt du vent furibond
Qui rebrouss´ les bois, détrouss´ les toits, retrouss´ les robes
Des jean-foutre et des gens probes
Le vent, je vous en réponds
S´en soucie, et c´est justic´, comm´ de colin-tampon
Si, par hasard
Sur l´Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon
Prudenc´, prends garde à ton jupon
Si, par hasard
Sur l´Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud
Prudent, prends garde à ton chapeau
Bien sûr, si l´on ne se fonde
Que sur ce qui saute aux yeux
Le vent semble une brut´ raffolant de nuire à tout l´monde
Mais une attention profonde
Prouv´ que c´est chez les fâcheux
Qu´il préfèr´ choisir les victimes de ses petits jeux
Si, par hasard
Sur l´Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon
Prudenc´, prends garde à ton jupon
Si, par hasard
Sur l´Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud
Prudent, prends garde à ton chapeau
BRASSENS: H2A
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